Porte de Brandebourg, entre l’Est et l’Ouest, 50 années de séparation.

Avant-propos.

S’il est bien un monument qui représente au mieux la puissance prussienne du XVIIIème siècle, la porte de Brandebourg, Brandenburger Tor en allemand, tient sans doute la première place. Edifiée pour glorifier un Roi, celui de Prusse, Frédéric-Guillaume II (1744-1797). Elle va ensuite traverser deux siècles d’Histoire et devenir le symbole de la séparation puis de la réunification de l’Allemagne en 1989.

Historique du lieu

La porte de Brandebourg, comme celles de Hambourg, d’Oranienbourg de Schönhausen , de Potsdam, ou d’Anhalt, fait partie d’un ensemble de monuments construits sur les limites de Berlin au XVIIIème siècle. Double fonction puisque c’est aussi à ces 18 portes qu’il faut acquitter l’octroi sur les marchandises destinées à la ville. Ci-dessous le plan en 1855 du mur de douane et d'accise de Berlin (Berliner Zoll- und Akzisemauer) et ses portes. A noter les deux points de contrôle sur la rivière Spree à Unterbaum et Oberbaum.

La construction.

La porte remplace un ancien octroi datant de 1734. Elle est érigée par Carl Gotthard Langhans (1732-1808) pour le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II, de 1788 à 1791. Dans un style néoclassique, qui s'inspire du Propylée de l'Acropole d'Athènes. Cependant l’espace intérieur entre les colonnes est plein à la différence du modèle antique. Elle fait 26 mètres de haut, 65,5 mètres de long, sur une profondeur de 11 mètres. Elle comprend cinq passages et deux maisonnettes identiques réparties de chaque côté, alignées sur la façade à l’Ouest, mais en déport à l’Est, sont des postes de garde pour les douaniers.

Le passage central, plus large, est prévu pour le passage du carrosse du roi, les deux passages voisins pour celui des autres carrosses et les deux derniers pour les piétons. Sous l'Empire allemand (1871–1918), le Kaiser était le seul à pouvoir passer, dans son véhicule, sous le passage central.

Le monument domine la Pariser Platz à l'Est qui termine l'avenue Unter den Linden, son nom à l’époque. Cette petite place était connue simplement comme Viereck ou Quarré (carré) jusqu’en 1814. Puis, en mars de cette année-là, lorsque les troupes prussiennes et les autres Alliés investissent Paris après l’abdication de Napoléon Ier, elle est alors renommée le mois suivant Pariser Platz pour marquer ce triomphe.

En 1793, la porte est couronnée par le quadrige de Johann Gottfried von Schadow, figurant la déesse ailée de la Paix sur un char tiré par quatre chevaux. Réalisée en cuivre et initialement tourné vers la ville, en signe de paix, dont elle incarne le triomphe.

En 1806, Napoléon, qui vient de battre la Prusse par les victoires d’Iéna et d’Auerstedt, entre à Berlin le 27 octobre.

Il ordonne de démonter le quadrige et de l’expédier à Paris. Il veut le faire installer au sommet de l’arc de triomphe du Carrousel, encore en construction, face aux Tuileries, sa résidence principale quand il n’est pas en campagne militaire à travers l’Europe. Le monument est achevé trois ans plus tard, mais Napoléon a changé d’avis et choisi de faire installer un autre quadrige, celui de Venise, ramené lui de sa campagne d’Italie quelques années auparavant et sans doute oublié dans une réserve avec d’autres objets « ramenés en souvenir »…

La porte de Brandebourg à Berlin.

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